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Transformer l’économie belge

Dans le prolongement de notre série d’articles sur les réalisations du Plan fédéral de développement durable (PFDD), nous nous plongeons ce mois sur les mesures interdépartementales consacrées à la transformation de l’économie belge.

Ce pan du PFDD est ambitieux et impactant. Il est intrinsèquement lié à plusieurs objectifs de développement durable (ODD 7, 8, 9, 12, 13, 14 et 15) et à la Vision stratégique fédérale à long terme. Il englobe neuf axes déterminants pour atteindre l’objectif :

  1. Tendre vers une société et une économie climatiquement neutres ;
  2. Soutenir la transition vers une économie circulaire ;
  3. Développer l’économie collaborative ;
  4. Développer l’économie de la fonctionnalité ;
  5. Donner davantage de visibilité et de crédibilité pour l’économie sociale ;
  6. Faciliter le choix de produits durables ;
  7. Soutenir la confiance dans l’environnement numérique ;
  8. Produire de façon responsable et durable ;
  9. Entamer la transition des systèmes alimentaires.

Ici, nous pouvons nous féliciter d’un très haut taux de mise en œuvre des mesures, à la fin de l’année 2023. Sur 31 mesures, 74 % étaient réalisées ou en cours d’exécution. Seules 13 % n’étaient pas encore entrées dans une phase concrète de mise en œuvre. Le solde (13%) était soit en préparation, soit d’ores et déjà monitoré.

Mais sortons du contexte et des chiffres et immergeons-nous dans la transformation de notre économie belge au travers de quelques cas concrets, inspirés notamment par les principes de l’économie circulaire, sources d’avancées notables grâce, notamment, au PFDD.

L’indice de réparabilité, un nouvel outil pour encourager la durabilité et la réduction des déchets

En introduisant l’indice de réparabilité, entré en vigueur le 2 mai 2025, la Belgique s’engage résolument dans la lutte pour la préservation des ressources naturelles.

La réparabilité désigne la facilité avec laquelle un produit peut être remis en état de fonctionnement lorsqu’il tombe en panne. Celle-ci est évaluée grâce à cinq critères clairs :

  • La disponibilité des documents techniques et des manuels d'entretien ;
  • La facilité de démontage d'un produit et les outils nécessaires ;
  • La disponibilité des pièces de rechange et les délais de livraison ;
  • Le rapport entre le prix de la réparation et celui du produit neuf ;
  • Ainsi que d'autres critères spécifiques liés au produit.

L’indice de réparabilité s’inscrit dans le cadre du plan d’action fédéral pour l’économie circulaire qui vise à promouvoir une utilisation plus efficace des ressources, à stimuler l’innovation et la création d’emplois locaux, tout en répondant aux défis environnementaux mondiaux. Dans un contexte marqué par une prise de conscience écologique croissante, la réparabilité apparaît comme un enjeu majeur. Elle permet de limiter la production de déchets électroniques en prolongeant la durée de vie des produits. En favorisant la réparation plutôt que le remplacement, cet indicateur s’inscrit dans une logique de consommation responsable et soutient le développement d’une économie circulaire. En informant sur la facilité d’entretien d’un appareil, il participe ainsi à la lutte contre l’obsolescence programmée et encourage les fabricants à adopter des pratiques plus durables.

Avec cet outil simple (une note allant de 1 à 10), les consommateurs disposent à présent d’un allié dans leur quête d’appareils électroniques et électriques. De la tondeuse à gazon à l'aspirateur, ce nouvel indicateur informe sur leur facilité de réparation et de démontage. Par corollaire, il incite les fabricants à rendre leurs produits plus réparables et réutilisables, ce qui induit la réduction du besoin de remplacement fréquent, la préservation des ressources naturelles et la diminution des déchets.

Sur le marché belge, les produits courants concernés par cette mesure sont (pour le moment) les suivants :

  • Lave-vaisselles ;
  • Aspirateurs ;
  • Nettoyeurs haute pression ;
  • Tondeuses à gazon ;
  • Ordinateurs portables (sans écran tactile).

Saisie de contrefaçons : recycler les matériaux plutôt que les détruire

Chaque année, l’Inspection économique saisit des milliers de produits contrefaits qui doivent être détruits. Depuis début 2023, le SPF Economie favorise le recyclage ou la valorisation de ces biens au lieu de la destruction par incinération.

Ces contrefaçons illégales – et parfois dangereuses de par les substances qu’elles comportent ou les lieux où elles sont confectionnées – saisies ne peuvent pas se retrouver sur le marché et doivent donc être détruites. Cela se faisait jusqu’il y a peu par incinération. En raison du caractère peu durable de cette méthode de destruction, le SPF Economie s’est attelé à trouver une alternative, en collaboration avec les associations REACT et ABAC-BAAN, représentantes des marques. De ces consultations est née début 2023 une collaboration avec une entreprise active dans la gestion et le traitement des déchets. L'objectif de cette collaboration est de donner la meilleure destination aux matériaux par le biais du recyclage ou de la valorisation. Cette démarche comprend les emballages des produits (carton, papier, sangles…).

Un gain de 60 % !

Ces produits recyclés comprennent majoritairement des parfums et des produits de soin, des appareils électroniques et des jouets. Cela représente près de 200 000 produits illégaux à détruire par an ! Grâce à cette nouvelle procédure, entre janvier et mai 2023, ce sont ainsi pas moins de 8 000 kg de produits contrefaits qui ont été triés et démantelés. 60 % d’entre eux ont pu être recyclés ou valorisés (contre 0 % dans le passé, lorsqu’ils étaient incinérés…).

Cependant, les effets positifs de cette évolution ne se limitent pas à cette seconde vie. En effet, certains matériaux à détruire ne sont pas recyclables. Dans certains cas, ils peuvent être transformés en combustible alternatif durable pour des processus de production industrielle. Des déchets à fort pouvoir calorifique peuvent par exemple être transformés en pellets. Les industries à forte consommation d'énergie, telles que les industries du ciment, de la chaux et de l'acier, ainsi que les centrales électriques, en sont demandeuses pour remplacer les combustibles fossiles.

Estimez ce que vous coûte réellement un appareil électroménager

Lorsqu’on achète des appareils électroménagers, on ne fait souvent attention qu’au prix inscrit sur l’étiquette. Et on oublie qu’à long terme, trois facteurs essentiels peuvent alourdir la facture finale : la consommation d’énergie, la durabilité et le coût à l’usage.

Raison pour laquelle les experts « Climat » du SPF Santé publique, Environnement et Sécurité de la Chaîne Alimentaire, ont conçu un outil en ligne baptisé Energywatchers.be et entièrement dédié à la consommation responsable d’énergie. Votre portefeuille a tout à y gagner car ce site dispose d’un calculateur qui permet d’estimer le coût annuel, consommation énergétique comprise, d’appareils électroménagers courants. Ce projet s’inspire d’un constat simple : lorsque vous achetez des produits énergivores, vous n’êtes pas pleinement informé du coût réel découlant de la consommation d’énergie liée à leur utilisation quotidienne.

Le site compile notamment des équipements dont la vente doit s’accompagner d’un étiquetage d’efficacité énergétique : réfrigérateurs, congélateurs, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, télévisions ou écrans d’ordinateurs. Le calculateur d’Energywatchers.be vous donne une estimation du montant annuel de votre facture d’électricité pour un usage moyen de certains électroménagers et vous permet également de comparer.

Vous pouvez dès lors opter pour l’appareil le moins énergivore, ou le plus économique à l’usage et/ou le plus durable. Attention, puisqu’il est impossible de prédire l’évolution du prix de l’électricité, le calcul se base sur les tarifs à un moment donné.

D’autres rubriques développées sur le site vous offrent mille et un conseils pour réduire votre consommation et votre facture d’énergie. Que ce soit pour l’isolation du toit, la production d’eau chaude, l’achat d’une voiture, l’installation de panneaux photovoltaïques, le remplacement d’une chaudière, la cuisson et la conservation des aliments, la seconde vie des vêtements… Tout est expliqué pour faire des choix… éclairés !

Un nouvel étiquetage énergétique

78 % des Belges interrogés affirment que l’étiquette énergétique a exercé une influence lors de l’achat d’un nouvel appareil. 47 % pour économiser de l’énergie et de l’argent, 16 % pour des raisons environnementales et 15 % pour d’autres raisons. C’est ce qui ressort d’un sondage mené par l’UE en 2024.

L’étiquetage énergétique est un instrument mis en place par l’Union européenne au moyen d’un règlement pour inciter les fournisseurs à améliorer l’efficacité des produits consommant de l’énergie. Dans les faits, cette étiquette aide le consommateur à faire un choix éclairé en fournissant des informations sur le niveau de performance énergétique du produit (téléviseurs, lave-linges, réfrigérateurs) qu’il envisage d’acheter. Le consommateur peut donc orienter son choix vers des produits moins énergivores, réalisant ainsi des économies sur la facture d’énergie. L’étiquette énergétique fournit en outre des informations supplémentaires liées à l’efficacité d’autres paramètres (émissions sonores, capacité…) et au caractère durable des produits (consommation en eau, indice de réparabilité…). Des informations complémentaires sont également disponibles sur la fiche d’information sur le produit.

Par effet boule de neige, cette étiquette contribue aussi à l’innovation et à l’investissement dans l’efficacité énergétique : en affichant les performances énergétiques sur leurs appareils, les fabricants sont incités à mettre au point et à concevoir des produits plus efficaces d’un point de vue énergétique pour obtenir un avantage concurrentiel. Autre point remarquable : les étiquettes sont identiques dans tous les pays membres de l’UE.

Depuis ce 20 juin, les smartphones et tablettes sont soumis à ces nouvelles étiquettes énergétiques. Elles leur attribuent une note allant de A (la plus performante) à G (la moins performante), basée principalement sur la durée de vie de la batterie. 

L’étiquette indique notamment l'autonomie de l'appareil avec une batterie pleine, ainsi que le nombre de cycles de recharge que celle-ci peut supporter avant de perdre en capacité. Elle fournira également des informations sur la réparabilité, la résistance aux chocs en cas de chute, ainsi que sur la protection contre la poussière et l'eau. L'étiquette intègre en outre un code QR menant à une fiche numérique dans la base de données européenne EPREL (registre européen des produits pour l'étiquetage énergétique), avec des détails sur le système d'exploitation, la compatibilité avec des accessoires ou encore la politique de mises à jour du fabricant. 

A partir du 1er juillet, ce sera au tour des sèche-linge d’adopter le nouvel étiquetage, permettant ainsi d’acquérir un appareil vraiment sobre en énergie.


Plus d'infos

sur le Plan Fédéral de Développement Durable 2021-2026 

sur les actions abordées dans cet article