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SDG Forum 2019: retour sur notre workshop sur la matérialité

Lors du SDG Forum 2019, l’Institut fédéral pour le Développement Durable (IFDD) a organisé un débat autour de la question de la « matérialité ». Pourquoi réaliser une analyse de matérialité? Quels en sont les avantages? Comment intégrer les SDG dans l’analyse de matérialité? , etc.  Tant de questions auxquelles nous avons répondu accompagnés de Maarten Ipers, (VUB), Cindy Vanvelthoven (De Winning), Koen Schelkens(Fluvius), Cindy Dequesne (SPF Mobilité), Katleen Cuypers (Médecins Sans Vacances) et Ellen Vandeputte (Ville de Harelbeke).  En voici quelques extraits.

 

La matérialité, quésaco ?

La matérialité couvre tout ce qui importe vraiment. Il s’agit des défis pertinents qui se posent à une organisation. Ces défis peuvent avoir un impact majeur sur le fonctionnement financier, économique et écologique de l’organisation et sur ses partenaires internes et externes.

Pourquoi réaliser une analyse de matérialité ?

Maarten Ipers, VUB : Au cours des derniers cycles stratégiques, l’approche de la VUB a quelque peu changé de cap: d’initiatives ad hoc en matière de durabilité, elle épouse désormais des contours davantage structurels. Nous visons l’intégration stratégique du développement durable, avec pour cadre de référence les SDG et ce, dans la politique, le rapportage, le processus décisionnel et le fonctionnement de nos facultés, services et partenaires. L’analyse de la matérialité des SDG doit offrir une base claire permettant de façonner la stratégie et d’atteindre les objectifs dans les prochaines années. Notre Plan stratégique général 2030 érige les SDG en pierre angulaire des projets stratégiques et de la politique.

Cindy Vanvelthoven, De Winning : De Winning a publié son premier rapport GRI en 2013. Depuis le rapport 2016, les SDG ont marqué de leur empreinte la politique de développement durable de De Winning. Par le biais d'une analyse de la matérialité, nous voulions surtout mieux comprendre et cartographier notre impact social.

Quels avantages avez-vous tiré en intégrant la dimension des SDG ?

Cindy Dequesne, SPF Mobilité: Le SPF Mobilité est bien conscient de l’importance des enjeux liés au développement durable et cette analyse nous permettait d’avoir une bonne vision pour nos choix futurs. Notamment pour nos objectifs stratégiques. L’exercice nous a permis de définir les enjeux pour notre SPF. L’échange avec les stakeholders était également intéressant et nous a permis d’avoir une visions sur nos attentes et qui pour certaines, s’apparentaient plus à nos objectifs opérationnels de bonne gestion. Si la Belgique veut atteindre ses objectifs pour 2030 il est essentiel de les intégrer dès le départ.

Ellen Vandeputte – Ville de Harelbeke : La politique des administrations locales est encore généralement guidée par des sentiments instinctifs ou des agendas politiques. Il nous est paru important d'utiliser une analyse de matérialité pour objectiver cette intuition et identifier les priorités. L'utilisation des SDG était pour nous une condition sine qua non, car ils font partie intégrante de notre cadre stratégique.

Dans quelle mesure avez-vous jugé facile (ou difficile) d’intégrer les 17 SDG (et éventuellement les 169 cibles) dans votre propre fonctionnement ?

Maarten Ipers, VUB : Les SDG et les 169 cibles forment ensemble un programme holistique global qui n’est pas directement destiné à être appliqué au sein d’une organisation. Ce ne fut pas chose aisée de traduire le programme de développement durable en une réalité au sein de la VUB. Lors d’une première phase, la VUB a élaboré les chaînes d’impact à partir de l’analyse de documents, d’entretiens et d’ateliers. Nous avons ensuite mis ces chaînes d’impact en regard des sous-objectifs par SDG et lié les thèmes prioritaires aux sous-objectifs pertinents.

Cindy Dequesne, SPF Mobilité : Depuis le rapport NVR (National Voluntary Review - le rapport d’avancement de la Belgique sur la mise en œuvre des ODD) nous sommes habitués à travailler en se référant aux ODD. Le projet de l’IFDD auquel nous avons participé, nous a permis de réaliser un SDG-Assessment. Pour effectuer ceci, les Directeurs Généraux ont directement proposé des représentants ayant une bonne connaissance du sujet, ce qui a facilité la tâche. L’analyse prévoyait d’évaluer la contribution positive ou négative au regard des 17 ODD et surtout des 169 cibles. Pour ce faire, chaque cible a été examinée au regard des différentes activités ou responsabilités de nos différents départements. Le SDG Assessment est une sorte d’auto-évaluation. On donne des bons et/ou mauvais points. Il est important de rester objectif tout au long de l’évaluation.

Quel conseil donneriez-vous à une organisation qui souhaite réaliser une analyse de matérialité des SDG ?

Koen Schelkebs, Fluvius : Tout d’abord, lancez-vous ! Le jeu en vaut la chandelle puisqu’il génère une contribution utile à la stratégie d’entreprise et à la fixation des priorités dans la stratégie et lors d’actions concrètes. Ensuite, faites appel à un expert. Il vous aidera à objectiver le processus.

Katleen Cuypers, Artsen Zonder Vakantie : L’analyse de matérialité est un exercice particulièrement complexe. C’est pourquoi nous vous recommandons fortement de vous faire accompagner par un bureau externe doté de l’expertise suffisante en la matière. Cela paraît évident ; toutefois, il est bon de définir à l’avance et dans les détails les objectifs que vous souhaitez atteindre grâce à votre analyse et ce à quoi vous destinez les résultats. Il est par ailleurs indiqué d’impliquer dès le départ les collaborateurs dans l’exercice. Seul un groupe limité de collaborateurs permanents a assisté à l’atelier que nous avions consacré à l’impact. A posteriori, il semble qu’il aurait été plus judicieux d’inviter davantage de personnes.

En conclusion, l’analyse de matérialité :

  • aide votre entreprise à définir et prioritiser les défis que vous devrez relever.
  • permet d’intégrer la dimension de durabilité dans une vision stratégique sur le long terme.
  • se fait main dans la main avec les employés et les parties prenantes.

Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur l’analyse de matérialité, n’hésitez pas à contacter Wallyn Katherina Katherina.Wallyn@fido.fed.be ou consultez le résumé du workshop